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FUMAY: HISTORIQUE DE LA FORÊT DOMANIALE DU FRANCBOIS-BRYAS
Par Benoît DIDIER
Ancien chef de projet aménagement à l’agence
territoriale ONF des Ardennes.
Le massif du Francbois est réputé être une possession immémoriale de l’Etat bien qu’un acte de partage serait intervenu en 1831 entre l’Etat et la comtesse de Bryas mais aucune archive ne peut attester l’origine de la propriété. Son histoire se confond avec celle des terres de Fumay et des communes voisines qui firent l’objet d’un don de Pépin de Bref aux abbés de Prüm, tout en y conservant cependant la souveraineté, suivant une charte du 13 août 762.
Durant plus de dix siècles, les terres en question furent soumises à une double domination exercée par les abbés de Prüm puis les archevêques de Trèves et de nombreux seigneurs qui estimaient posséder des droits fonciers en leur qualité de descendants des « voués » (ou « avoués ») qui représentaient localement les abbés de Prüm mais qui s’étaient vite affranchis de leur tutelle en agissant en véritables propriétaires. Un acte dit « d’avouerie » du 12 juijn 1262 sanctionne d’ailleurs cet état de fait en fixant les droits respectifs des deux parties.
Après avoir été érigées en principauté en 1453, les terres de Fumay firent partie des Pays-Bas Espagnols, puis de la Maison d’Autriche et enfin annexées à la France sous Louis XV par le traité dit « des limites » du 16 mars 1769 entre la France et l’Autriche. Elles étaient rattachées au Hainaut français jusqu’à la Révolution.
Le dernier possesseur de ces terres avec les archevêques de Trèves fut le comte de Bryas.
La dénomination de Francs-Bois, puis Francbois pourrait résider dans le fait que ce massif a bénéficié d’un statut particulier appliqué aux terres neutres de la principauté de Fumay qui jouissaient de certaines franchises. Il est possible également que ce nom soit dû à l’abolition de privilèges ou droits sur les bois dont on retrouve encore la trace en 1791 dans le règlement d’un droit de 1/16 de l’essartage des taillis au profit de l’archevêque de Trèves.
Le château des comtes de Bryas
-Le massif du Francbois fut ainsi géré en taillis simple jusque vers 1800, puis traité en taillis sous futaie à la révolution de 25 ans jusqu’en 1876.
La révolution fut portée à 30 ans par un décret du Président de la République du 10 décembre 1877 qui prescrivait le maintien par hectare de 110 à 120 baliveaux, 35 à 40 modernes et tous les anciens non dépérissants.
Durant la première guerre mondiale, de violents combats eurent lieu fin août 1914 à l’extrême nord-est du massif et sur le territoire belge (bataille du Trou du Diable). La futaie fut prélevée dans sa presque totalité par l’occupant entre 1915 et 1918. On peut retrouver la trace d’un réseau ferré de vidange de type « Decauville » le long de la vallée de l’Alyse.
Un nouveau règlement d’exploitation fut approuvé par décision du Directeur Général des Eaux et Forêts en date du 23 février 1933. Il y était notamment prévu l’enrichissement de la forêt par la plantation de résineux (épicéa commun), entreprise dès 1928 dans tous les vides ou sur toutes les zones à reconstituer. Ce règlement fut suivi jusqu’en 1962 sauf pour les actuelles parcelles 27 à 42 qui servirent à l’approvisionnement en bois de chauffage pour la ville de Fumay entre 1943 et 1946. On retrouve également des vestiges militaires de l’occupation allemande dans la parcelle 147.
L’aménagement approuvé par arrêté ministériel du 27 août 1964 prescrivait un traitement en futaie mélangée de résineux et de feuillus.
-Le massif du Bois-Bryas fut également géré en taillis simple et le traitement en taillis sous futaie n’y fut jamais réellement appliqué. Son état était par conséquent très appauvri lors de son acquisition par l’Etat à messieurs Marcel et Gaston ROISIN le 13 novembre 1931.
Le stationnement de troupes sur le plateau et les combats menés à la fin de la première guerre n’avait rien arrangé. La présence de plantes obsidionales telle que le « crin végétal » (carex brizoïdes) atteste de cette période de l’histoire.
Carex brizoïdes
( photo Wikipédia)
Le premier aménagement, approuvé par décret du 25 janvier 1935 y prévoyait le recrutement d’un maximum de baliveaux de chêne et de bouleau et l’enrésinement de toutes les zones ou le peuplement feuillu était insuffisant.
Durant la seconde guerre mondiale l’occupant installa un camp de prisonnier chargé de la production de charbon de bois pour l’industrie de guerre, ce qui provoqua encore l’exploitation d’une grande surface en taillis simple notamment au nord-ouest du massif.
L’état actuel des peuplements feuillus résulte de ce lourd héritage historique.
L’aménagement approuvé par arrêté ministériel du 28 février 1962 prescrivait un traitement en futaie mélangée de résineux et de feuillus.
Le premier aménagement regroupant les deux massifs en une seule forêt fut approuvé par arrêté ministériel du 25 novembre 1985. Il prescrivait un zonage en trois séries. L’une résineuse, l’autre feuillue et la troisième de protection sur les parcelles de versant très pentu.
Le dernier aménagement approuvé par arrêté ministériel du 25 juillet 2005 prescrivait un zonage en deux séries. L’une de production à la fois résineuse et feuillue, et l’autre d’intérêt écologique sur 282,79ha de roches, de falaises et de milieux humides.
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