Victorin-Hippolyte JASSET

                                                                         par Françoise MENAGE
Victorin-Hippolyte Jasset naquit le 31 mars 1862, à Fumay, dans une maison près de l’écluse Saint-Joseph.

                               
Son père Joseph-Hippolyte Jasset, un charpentier, était venu de l’Isère travailler à la construction de la ligne de chemin de fer. Il épousa Marie-Euphrasie Picart, de deux ans son aînée, veuve de Jules-Joseph Plançon avec lequel elle avait eu un fils, Jean-Baptiste Alcide, dit Alcide Plançon. Ce demi-frère de Victorin, son aîné de six ans, fut maire de Givet de 1903 à 1908. Du mariage Picart-Jasset, outre Victorin, naquit un autre garçon, Nestor. Peu d’informations nous sont parvenues sur l’enfance et l’adolescence de Victorin Jasset à Fumay.

Parti jeune à Paris, il travailla dans les milieux artistiques, théâtre, revues, grands spectacles : peintre sur éventails, compositeur d’affiches, créateur de costumes, directeur de figuration.

Mais son nom reste essentiellement associé à celui du 7ème Art  où il ne travailla cependant que de 1906 à 1913. Directeur artistique de la toute nouvelle société, L’Eclair, il réussit en quelques courtes années, grâce à son énergie, à la hisser au 3ème rang du cinéma mondial, talonnant Gaumont et Pathé.Ceux qui ont côtoyé Jasset ont dessiné de lui le portrait d'un homme cultivé, bourreau du travail,

Surréaliste avant l’heure, anticonformiste voire anarchiste, d’une grande imagination créative et très exigeant en ce qui concerne la direction d'acteurs.

Grâce à ses héros, le détective privé, Nick Carter, et le bandit, Zigomar, il est le père fondateur du film policier, et le créateur de la “série”, en vogue encore actuellement, où le spectateur retrouve d’épisode en épisode ses héros favoris. Comme dans les grands blockbusters actuels, il a même fait se croiser ses héros, issus de romans, d’auteurs et de pays différents, dans Zigomar contre Nick Carter (mars 1912).

Il mit en scène la première héroïne du cinéma, Protéa, interprétée par la belle et sportive Josette Andriot, dans un genre également innovant, le film de contre-espionnage, genre toujours en vogue sur les écrans.

Personnalité attachante, précurseur de talent, Jasset a connu un succès international de son vivant.

Le 22 juin 1913, la mort mit fin brutalement à une carrière qui aurait pu être celle d’un Feuillade, son contemporain. Il n’avait que 51 ans.

En 2013, à l’occasion du 100ème anniversaire de sa mort, son territoire natal le mit à l’honneur : Ardenne  Wallonne lui consacra un numéro hors-série et le Manège de  Givet, en partenariat avec la Cinémathèque française, projeta son dernier film, Protéa, en version restaurée pour l’occasion, sous forme d’un ciné-concert, avec Olivier Sandberg au piano.
Retrouvez toute son œuvre dans le numéro hors-série qui lui est consacré.