De la fabrique Estivant à la Sopal/Gascogne :

une industrie de la colle au petit Givet de 1808 à 2008

Vue générale ; carte postale ancienne

La première usine de colles est créée en 1808 par Martin Estivant afin d’utiliser les déchets organiques issus des nombreuses tanneries locales. Ses fils Félix et Edouard lui succèdent et leur produit, « la Colle de Givet », remporte des médailles en 1819, 1823, 1827 et 1834. La raison sociale devient ensuite « Compagnie Centrale Rousselot ». Avant la guerre de 1940, les deux usines de la « Compagnie Centrale Rousselot » produisent annuellement 1000 tonnes de colle (colle à bois pour menuiserie/ ébénisterie et gélatine pour la cuisine et la pâtisserie). Elles font vivre 220 ouvriers et employés.  La production s'arrête à la fin des années 1940 ou au début des années 1950.

Le site est ensuite occupé par deux entreprises : SACOR (fabrique de sacs en papier) au premier étage et la CEP (Compagnie des Emballages Pratiques) au rez-de-chaussée.

Echantillon de produits Tesa

En 1963, Beiersdorf France (TESA) reprend l'ensemble pour fabriquer de la colle à timbres-poste et le cède plus tard à SOPAL (filiale du groupe GASCOGNE depuis 1963) spécialisée dans le papier pour étiquettes, papier kraft adhésif, et bandes de fermeture pour les cartons d'emballage. La Sopal/Gasgogne stoppe toute production en 2008, laissant sur le carreau 55 salariés. Le site est depuis inoccupé. En mai 2011, après divers recours en justice, le tribunal des Prud'hommes de Charleville-Mézières condamne l'employeur à verser des indemnités allant de 4 000 à 31 000 euros, selon diverses modalités comme l’ancienneté. Dans un jugement en date du 25 octobre 2012, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne estime que le département des Ardennes est fondé à réclamer à l’entreprise Gascogne le remboursement d’une subvention de 1,5 million d’euros.

Il re reste que le nom Gascogne, photo août 2025

Les bâtiments

Trois périodes de construction se distinguent dans le bâti : la partie la plus ancienne qui doit dater de 1911-1913 est représentée par un grand bâtiment en brique d'un étage carré, toiture à longs pans et ardoise, situé à l'est de la ruelle Joly. Les bâtiments postérieurs à la Première Guerre mondiale (salle des chaudières et salle des machines) sont élevés en pan de béton armé hourdé de brique pour les murs et sont sommés de voûtes en berceau segmentaire en béton armé.

Bâtiment de briques (salle des chaudières)

Les bâtiments de la période Beiesdorf France, à l'est et à l'ouest, sont en pan de fer hourdé de parpaing de béton enduits avec toit terrasse ou à longs pans à charpente métallique apparente couverte de ciment amiante. La grande cheminée d'usine reconstruite après la Seconde Guerre mondiale à titre des dommages de guerre est constituée d'éléments en béton armé nervurés.

La grande cheminée détails, photo août 2025

En 2014, le bâtiment central qui abritait la Sopal boulevard Bourck, incendié à deux reprises en 2010 et 2013, est abattu après la phase de désamiantage de l’intégralité du site, L’architecte des bâtiments de France (ABF) avait imposé deux choses : le maintien de la cheminée, élément architectural patrimonial très cher au cœur des Givetois et d’un bâtiment à valeur architecturale intéressante. Le dernier incendie en date, – dans d’anciens logements que l’usine mettait à disposition de cadres dans la rue du Luxembourg – remonte au 30 mars 2017.

En 2014 démolition du bâtiment central Sopal

Conclusion

A ce jour, aucune usine de colle ne produit plus dans les Ardennes. Deux d'entre elles ont fermé pendant la Première Guerre Mondiale (Boreux à Givet et Parent à Fromelennes), une autre après la Seconde Guerre mondiale (Parent à Givet), la dernière (Estivant-Rousselot) a cessé son activité en 2008 (Estivant-Rousselot).