Joseph Ramée, grand architecte-paysagiste

Joseph Ramée, grand architecte-paysagiste, né à Charlemont est sorti de l'oubli grâce au travail d'un universitaire, Paul V. Turner : Joseph Ramée, Architecte international de l'ère révolutionnaire (1996)

Il s’agit de la première étude approfondie d’un architecte et paysagiste oublié du monde érudit en raison des circonstances historiques précaires dans lesquelles il a poursuivi sa carrière. Contraint de fuir la France pendant la  Révolution, Ramée passe sa vie en nomade, travaillant en Belgique, en Allemagne (Thuringe, Hambourg. . .) au Danemark et aux États-Unis. Dans la reconstitution qu'il fait de sa carrière, Paul V. Turner montre comment Ramée, au cours de ses voyages, transmet des innovations d’un pays à l’autre et crée une synthèse unique des courants artistiques concernant l’ère néoclassique.

Ardenne wallonne a repris dans plusieurs
numéros - n°40 (mars 1990), n°65 (mars 1999),
n° hors-série Charlemont (octobre 1993) épuisé,
n° 81 (juin 2000) - des éléments de l'étude de
l'universitaire Paul V. Turner.

Joseph-Jacques Ramée, né le 26 avril 1794 au fort de Charlemont et mort le 18 mai 1842 au château de Beaurains-lès-Noyon près de Noyon (Oise), est un architecte, décorateur et paysagiste néo-classique français, élève de l’architecte et architecte paysagiste François-Joseph Bélanger. Portrait Ramée par Gillot Saint Evre

Nous savons très peu de choses sur sa vie personnelle, rien concernant sa famille paternelle. Michel Perpète, dans le n°46 de notre revue, a évoqué les origines aubrivoises de sa mère, née Anne Dieudonnée Lambert. Il épousa à Hambourg le 16 mai 1806 Caroline Dreyer. Son fils Daniel travailla avec lui et poursuivit son œuvre d'architecte-paysagiste.

Au cours de ses études, il travaille sur le château de Bagatelle (bois de  Boulogne) sous l'égide de son maître, l'architecte François-Joseph Bélanger. En 1789, il réalise les plans de la maison 12, rue du Mail à Paris, qui fut habitée par le banquier Récamier et son épouse Juliette.

En 1793, il part de France pour échapper à la Terreur, s'installe brièvement à Louvain puis gagne la Thuringe puis d'autres régions d'Allemagne. A Hambourg, sa construction du Börsenhalle (sorte de club lié aux activités boursières) lui apporte une grande considération. Il travaille également au Danemark où l'ensemble Sophienhohm au nord de Copenhague souligne bien son souci d'harmoniser construction et paysage.
 

Rentré en France en 1810, il n'y reste que deux ans, attiré aux Etats-Unis par les promesses du riche banquier Parish. Là encore ses projets sont contrecarrés par la guerre anglo-américaine de 1812.

C'est aux Etats-Unis que se trouve son chef d'œuvre : les bâtiments et le campus d'Union Collège à Schenectady, dans l'état de New-York. C'est, aux Etats-Unis, la première fois qu'on élabore un projet d'une telle ampleur pour une institution universitaire.Sur un plateau en haut d'une colline, Ramée dispose les bâtiments autour d'une vaste cour d'honneur qui s'ouvre vers l'ouest, avec en son centre unbâtiment rond, l'actuel Nott Memorial (la bibliothèque de l'Union Collège).

Autour de cet ensemble, Ramée prévoit de vastes espaces verts pour lesquels il fournit plusieurs projets.

En 1816, il retourne en Belgique où il aménage des propriétés pour de riches industriels.

En 1818, il revient à Givet, y dessine les plans du château de Massembre et de son parc.

En 1823, on le retrouve à Paris. Entre autres, il aménage des parcs (à Reims également).

En 1832, il achète le château de Beaurains-lès-Noyon près de Noyon (Oise). Il
y meurt trois ans plus tard, le 18 mai 1842. Son corps repose dans le cimetière de Beaurains-lès-Noyon. Vers la fin de sa vie, Ramée publie plusieurs recueils de plans de maisons de campagne et de parcs, aidé dans cette tâche par son fils, Daniel, lui-même architecte.

Ramée constitue peut-être, dans l'histoire de l'architecture, l'exemple le plus frappant d'un architecte paysager dont la carrière fut vraiment internationale et qui put ainsi répandre ses principes d'organisation de l'espace dans le monde entier.
FM